La Côte d’Ivoire, pays d’Afrique de l’Ouest réputé pour son hospitalité, se retrouve aujourd’hui au cœur d’un débat houleux sur l’homosexualité. Cette question divise profondément la société ivoirienne, où les jeunes, les anciens et les leaders religieux dénoncent l’homosexualité comme une pratique « immorale » et « contre-nature ». La pression monte pour que des réformes soient adoptées afin de limiter ce phénomène perçu comme une menace pour les valeurs traditionnelles du pays.
La Côte d’Ivoire, un refuge pour les « Woubis » ?
Longtemps considérée comme une terre d’accueil, la Côte d’Ivoire attire environ 22 % de population étrangère. Ce climat accueillant, associé à un cadre de vie agréable et une économie dynamique, en a fait une destination prisée pour de nombreux immigrants, y compris pour la communauté homosexuelle, surnommée localement « Woubis ». Contrairement à d’autres pays d’Afrique de l’Ouest comme le Ghana, le Sénégal ou le Mali, où l’homosexualité est sévèrement réprimée, la Côte d’Ivoire offre un environnement plus permissif, avec la présence de bars, discothèques et associations gay-friendly à Abidjan.
Cette ouverture relative, facilitée par un réseau de 28 associations pro-LGBT+ recensées par le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH), a fait de la Côte d’Ivoire un refuge pour les homosexuels. Cependant, l’augmentation perçue de la migration LGBTQ+ inquiète une partie de la population, qui craint une « perversion » des jeunes générations ivoiriennes.
Montée des tensions et réactions populaires
Depuis août 2024, la situation a pris une tournure plus conflictuelle. Les réseaux sociaux sont devenus le terrain principal d’une bataille silencieuse menée par la population contre l’homosexualité, exacerbée par des rumeurs d’actes de pédocriminalité. Cette vague de mécontentement s’est concrétisée par des manifestations violentes dans certaines communes d’Abidjan, où des agressions physiques et verbales ont été signalées, ainsi que la fermeture de commerces appartenant à des membres de la communauté LGBTQ+.
Le slogan « À bas les Woubis » est devenu un cri de ralliement pour ceux qui réclament un durcissement des lois et une réduction de l’afflux des homosexuels sur le territoire. L’objectif affiché de ces mouvements est de préserver l’avenir des jeunes générations et de protéger les valeurs morales de la société ivoirienne.
Les droits LGBTQ+ et le vide juridique
Sur le plan légal, l’homosexualité n’est ni autorisée ni interdite en Côte d’Ivoire. Cette ambiguïté juridique contribue à l’exacerbation des tensions, et les associations de défense des droits humains tentent de mettre en lumière les violences, bien qu’elles restent limitées, à l’encontre de la communauté LGBTQ+. En 2021, une étude de l’ONG Gromo révélait que plus de 70 % des LGBTQ+ en Côte d’Ivoire étaient au chômage, reflétant une marginalisation sociale accrue.
Les associations pro-LGBTQ+ militent pour des droits égaux et la protection contre les violences, tandis que la pression de la population sur le gouvernement se fait de plus en plus forte pour qu’il comble ce vide juridique, dans un sens conforme aux valeurs traditionnelles du pays.
En conclusion
La Côte d’Ivoire est à un tournant décisif dans sa gestion des questions liées à l’homosexualité. Entre son passé d’ouverture et le désir de revenir à des valeurs conservatrices, la voie que prendra le pays aura des répercussions majeures sur les droits humains et la structure sociale.