Mariage en Côte d’Ivoire : Régimes Matrimoniaux, focus sur le Contrat de Mariage par Acte Notarié (Loi n°2019-570)

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Contrat mariage en côte d'ivoire

Saviez-vous que se marier en Côte d’Ivoire, c’est aussi signer pour un régime qui peut déterminer l’avenir de vos biens, vos dettes, voire votre liberté financière ? Eh bien, depuis la réforme de 2019, trois options s’offrent à vous, et le choix que vous ferez pourrait changer radicalement votre vie ! Alors, avant de dire « oui », il serait peut-être sage de vous demander : êtes-vous vraiment au courant de ce qui vous attend ? Parce qu’un mauvais choix pourrait bien faire basculer vos projets en un instant.

Le nouveau régime matrimonial peine-t-il à être connu ? Quel avenir pour les régimes précédents ?

La Côte d’Ivoire a vu son paysage juridique matrimonial changer avec la promulgation de la loi n°2019-570 du 26 juin 2019. Pourtant, plusieurs années après cette réforme, peu d’Ivoiriens semblent réellement comprendre les implications de cette nouvelle législation sur les régimes matrimoniaux. Entre la persistance du régime traditionnel de communauté de biens et l’introduction de nouvelles options comme la séparation de biens et le contrat de mariage par acte notarié, il est crucial de se pencher sur l’impact de ces changements. Pourquoi cette réforme peine-t-elle à s’imposer, et que deviennent les régimes existants ?


Régime matrimonial : Qu’est-ce que c’est ?

Avant de plonger dans les spécificités des régimes matrimoniaux en Côte d’Ivoire, il est essentiel de comprendre ce qu’ils impliquent. Le régime matrimonial définit la manière dont les biens des époux seront gérés pendant et après le mariage. Il fixe les règles qui régissent la propriété des biens, la gestion des dettes, et les droits de chaque conjoint.

En Côte d’Ivoire, trois régimes sont désormais à disposition des futurs époux :

  1. La communauté de biens : C’est le régime par défaut, en l’absence de choix explicite.
  2. La séparation de biens : Chaque époux conserve la propriété et la gestion indépendante de ses biens.
  3. Le contrat de mariage par acte notarié : Un régime plus flexible permettant aux conjoints de déterminer ensemble les modalités de gestion de leur patrimoine.

I. La communauté de biens : Un régime encore dominant, mais avec ses limites

La communauté de biens, instaurée dès 1964, est le régime par défaut pour les époux en Côte d’Ivoire. Cela signifie que si les futurs mariés ne précisent pas leur choix, ils sont automatiquement soumis à ce régime. Mais qu’implique réellement ce modèle ?

Qu’est-ce que la communauté de biens ?

Dans le régime de la communauté des biens, seuls les biens acquis pendant le mariage sont partagés entre les deux conjoints. Ce régime concerne donc tout bien acheté durant l’union, les salaires, ainsi que les revenus tirés d’activités professionnelles ou commerciales. En revanche, les biens acquis avant le mariage, ou obtenus par donation ou héritage, restent des biens propres aux époux.

Avantages

  • Sécurité financière : En cas de divorce, chaque époux récupère la moitié des biens acquis ensemble pendant le mariage. Cela représente une sécurité financière notable pour le conjoint qui n’a pas d’activité génératrice de revenus.
  • Partage des biens au décès : Si l’un des conjoints décède, l’autre conserve la moitié des biens communs. L’autre moitié intègre la succession.

Inconvénients

  • Partage des dettes : Dans ce régime, les dettes contractées par l’un des époux pendant le mariage sont également partagées. Cela signifie que chaque époux peut se retrouver responsable des dettes de l’autre, même si elles ont été contractées sans son accord.
  • Gestion compliquée : Toute décision importante concernant les biens communs, comme l’achat ou la vente d’une propriété, nécessite l’accord des deux époux. Cela peut parfois rendre la gestion des biens plus complexe et source de conflits.

Le régime de la communauté des biens a longtemps été le seul choix disponible en Côte d’Ivoire, mais face à ses limitations, une alternative a été introduite en 1983 : La séparation de biens.


II. La séparation de biens : plus de liberté pour chaque conjoint

La séparation des biens, introduite en 1983, permet à chaque époux de gérer son patrimoine de manière indépendante. Dans ce régime, les biens acquis avant et pendant le mariage restent la propriété individuelle de chaque conjoint.

Avantages

  • Indépendance financière : Chaque époux conserve la gestion et la propriété de ses biens. Cela offre une plus grande liberté et évite les conflits en cas de divorce.
  • Protection des biens personnels : Si l’un des conjoints fait face à des difficultés financières, comme une liquidation judiciaire, les créanciers ne peuvent attaquer les biens de l’autre conjoint.

Inconvénients

  • Manque de protection en cas de divorce : Le principal inconvénient de ce régime est qu’il ne protège pas le conjoint sans revenus en cas de séparation. En effet, il ne pourra pas revendiquer une part des biens de l’autre, ce qui peut le laisser dans une situation précaire.
  • Solidarité limitée dans le paiement des dettes : Bien que la gestion des dettes soit séparée, certaines dettes contractées pour le ménage ou les enfants peuvent engager les deux époux.

Malgré les avantages que ce régime offre en termes d’indépendance, il est encore largement sous-utilisé en Côte d’Ivoire. Selon les statistiques, la grande majorité des couples continuent de choisir la communauté de biens, notamment par méconnaissance des autres options.


III. Le contrat de mariage par acte notarié : L’option moderne et flexible, mais peu adoptée

L’une des principales innovations de la réforme de 2019 est l’introduction du contrat de mariage par acte notarié. Ce régime offre une plus grande flexibilité aux couples, leur permettant de définir ensemble les modalités de gestion de leurs biens.

Pourquoi cette option reste-t-elle méconnue ?

Bien qu’il s’agisse d’une avancée majeure, peu de couples choisissent cette option. En 2023, seulement 22 mariages ont été conclus sous ce régime. Plusieurs facteurs expliquent ce faible taux d’adoption :

  • Coût élevé : Le recours à un notaire pour établir ce type de contrat peut coûter entre 100 000 et 150 000 FCFA. Ce coût supplémentaire peut dissuader certains couples.
  • Manque de sensibilisation : La population ivoirienne n’est pas suffisamment informée sur les avantages de ce régime, ce qui explique son adoption limitée.

Avantages

  • Flexibilité : Ce régime permet aux conjoints d’établir des règles personnalisées pour la gestion de leurs biens pendant le mariage et en cas de divorce.
  • Protection sur-mesure : Les couples peuvent adapter leur contrat en fonction de leurs besoins, comblant ainsi les lacunes des autres régimes.

En conclusion, La loi de 2019 a introduit des options intéressantes pour les couples ivoiriens, mais force est de constater que la majorité d’entre eux n’a pas encore pris la pleine mesure de ces choix. La communauté de biens reste largement majoritaire, tandis que les régimes alternatifs peinent à s’imposer, faute de sensibilisation et d’information.

Pour les futurs mariés, le moment est venu de s’informer et de choisir le régime matrimonial qui correspond le mieux à leur situation. Avant de vous lancer dans l’aventure du mariage, un passage chez le notaire pourrait vous éviter bien des surprises. Après tout, un mariage, c’est bien plus qu’une simple cérémonie : c’est un véritable contrat qui peut impacter toute votre vie.

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