La Côte d’Ivoire a récemment annoncé la réintroduction du visa pour ses ressortissants souhaitant se rendre au Maroc, une mesure qui est entrée en vigueur le 1er septembre 2024. Cette décision s’inscrit dans le cadre des efforts de lutte contre l’immigration clandestine. En effet, les autorités ivoiriennes et marocaines ont constaté une augmentation du nombre de migrants se déclarant ivoiriens, bien que les données officielles montrent un taux relativement faible de ressortissants ivoiriens parmi les migrants au Maroc.
Une décision unilatérale
Cette politique n’affecte que les Ivoiriens se rendant au Maroc, tandis que les Marocains souhaitant visiter la Côte d’Ivoire ne sont pas concernés par cette réinstauration de visa. La mesure, décrite comme expérimentale pour une période de deux ans, est le résultat de discussions bilatérales entre les deux pays, visant à endiguer les migrations clandestines, notamment à travers le Maroc, devenu un carrefour migratoire clé.
Une contrainte pour les ressortissants ivoiriens réguliers ?
Les autorités ivoiriennes ont reconnu que la réintroduction du visa pourrait être perçue comme une contrainte, mais insistent sur la nécessité de combattre les pratiques illégales tout en renforçant la crédibilité du passeport ivoirien à l’international.
Quel coût pour le visa ?
Les citoyens ivoiriens détenteurs de passeports ordinaires devront désormais payer 14 000 Francs CFA (environ 21 euros) pour un visa, tandis que les demandeurs d’un visa à entrées multiples devront s’acquitter de 22 000 Francs CFA (environ 33 euros).
Une mesure controversée
Avant même sa mise en œuvre, cette nouvelle politique a suscité de nombreuses réactions. Lors d’une conférence de presse tenue le 29 août à Casablanca, les représentants de la communauté ivoirienne au Maroc ont exprimé leur désarroi face à cette décision. Ils ont souligné le lien historique fort entre le Maroc et la Côte d’Ivoire, ainsi que l’importance du renforcement des relations Sud-Sud.
Les représentants ont également exprimé leurs inquiétudes concernant les répercussions économiques et culturelles que cette mesure pourrait entraîner pour les Ivoiriens en situation régulière. Selon eux, bien que la lutte contre la fraude documentaire soit justifiable, cette décision pourrait avoir des conséquences négatives sur les échanges entre les deux pays. Ils ont appelé à un report de l’imposition du visa, estimant que la communauté ivoirienne pourrait être la première à en souffrir.
Un visa déjà en vigueur
Malgré les critiques, la mesure est entrée en vigueur le 1er septembre 2024, et selon M. Abdel Kettani, ambassadeur du Maroc en Côte d’Ivoire, Le pays a délivré 150 et 200 visas dans les premiers jours.
Quels défis ?
Il reste à savoir si cette réintroduction du visa pourra efficacement combattre l’immigration clandestine. Des réseaux organisés continuent de fournir de faux passeports ivoiriens et des cachets contrefaits. Ces circuits illégaux sont difficiles à démanteler, et les initiateurs pourraient se tourner vers des voies migratoires plus discrètes et potentiellement plus dangereuses pour poursuivre leurs activités.
En conclusion, la réintroduction du visa entre le Maroc et la Côte d’Ivoire apparaît comme une mesure nécessaire pour lutter contre l’immigration clandestine, mais elle soulève des interrogations quant à son impact sur les ressortissants ivoiriens réguliers et sur les relations bilatérales entre les deux pays.
[…] L’intégration du visa marocain pour les Ivoiriens : une entrave à l’objectif d’aide mutu… […]