La guerre en Syrie connaît un tournant dramatique avec la perte de contrôle d’Alep, la deuxième ville du pays, par le régime de Bachar al-Assad. Après une offensive éclair menée par des groupes rebelles dominés par les islamistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), cette cité stratégique du nord est désormais hors de portée des forces gouvernementales. Cette situation, qui fait craindre une reprise à grande échelle des hostilités, rebat les cartes du conflit syrien, déjà marqué par plus de treize ans de violences incessantes.
Un revers historique pour le régime d’Assad
Depuis le début de la guerre civile en 2011, jamais le régime n’avait perdu un contrôle aussi total sur Alep, qui fut longtemps le poumon économique de la Syrie. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les rebelles ont pris la majeure partie de la ville, à l’exception des quartiers kurdes. En quatre jours, l’offensive, partie de la province voisine d’Idleb, a conduit à la chute de nombreux bastions gouvernementaux dans les provinces d’Alep, d’Hama et de Lattaquié.
Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH, a déclaré que cette situation est une première depuis 2011. Il estime que sans une contre-offensive rapide ou une aide massive de la Russie et de l’Iran, le régime aura du mal à regagner le terrain perdu.
Une coalition hétérogène mais déterminée
L’offensive rebelle, lancée mercredi dernier, a été menée par une coalition où le HTS, ancienne branche syrienne d’Al-Qaïda, joue un rôle central. Soutenue par certaines factions alliées de la Turquie, cette coalition a pris des dizaines de localités, atteignant rapidement Alep. Les rebelles ont même occupé des lieux emblématiques comme la citadelle historique, les bâtiments administratifs, l’aéroport international et des prisons.
Dans les zones qu’ils contrôlent, les rebelles tentent de rassurer la population locale. Des témoignages rapportent qu’ils ont distribué du pain gratuitement, cherchant ainsi à montrer un visage bienveillant, malgré la panique initiale des habitants.
Une réponse violente du régime et de ses alliés
Face à cette offensive, le régime syrien a réagi avec virulence. Bachar al-Assad a promis de recourir à « la force pour briser les terroristes » et a sollicité le soutien de ses alliés russes et iraniens. Dimanche, lors d’une rencontre avec le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, Assad a souligné « l’importance du soutien des alliés pour contrer les attaques terroristes et faire échouer leurs plans ».
La Russie a intensifié son appui aérien, menant des frappes à Alep, Idleb et Hama. Selon Moscou, ces frappes auraient permis d’éliminer plus de 320 militants et de détruire des équipements militaires. Cependant, les bombardements ont également causé des pertes civiles importantes, avec au moins 61 morts, selon l’OSDH. L’agence officielle syrienne SANA rapporte également la destruction d’un convoi de rebelles transportant des armes dans la province d’Idleb.
Une situation humanitaire préoccupante
La reprise des violences à Alep intervient dans un contexte de fragilité extrême pour les populations civiles. La ville, déjà en grande partie détruite par des années de guerre, fait face à une nouvelle crise humanitaire. Les bombardements ont frappé des infrastructures vitales, notamment le Collège franciscain Terra Sancta, gravement endommagé lors d’une attaque.
Les habitants d’Alep, pris au piège des combats, tentent de fuir, tandis que la communauté internationale appelle à la désescalade. Un communiqué conjoint des États-Unis, de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni a exhorté toutes les parties à revenir à une solution politique. Cependant, l’ampleur des violences laisse peu de place à l’optimisme.
Les enjeux stratégiques d’Alep
Alep revêt une importance cruciale pour tous les acteurs du conflit. Contrôler cette ville, située à la croisée des routes commerciales et des lignes de front, offre un avantage stratégique décisif. Pour le régime, c’est un symbole majeur de pouvoir perdu. Pour les rebelles, c’est une démonstration de force qui pourrait redéfinir les rapports de force sur le terrain.
L’offensive rebelle survient également dans un contexte de recomposition régionale. Alors que la Turquie, alliée de certaines factions rebelles, appelle à une désescalade, l’Iran et le Hezbollah réitèrent leur soutien à Assad. Ce jeu complexe d’alliances risque de prolonger un conflit déjà marqué par des intérêts géopolitiques multiples.
Une paix encore lointaine
Alors que le conflit syrien entre dans sa quatorzième année, les espoirs d’une résolution pacifique semblent de plus en plus éloignés. La chute d’Alep marque un tournant, mais aussi une possible intensification des hostilités. Dans ce pays morcelé en zones d’influence, les souffrances des civils restent le point commun tragique de toutes les batailles.
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