Un mouvement de foule survenu dimanche 1er décembre 2024 à Nzérékoré, en Guinée, a causé la mort d’au moins 56 personnes lors de la finale d’un tournoi de football dédié au général Mamadi Doumbouya, chef de la junte militaire. Cet événement tragique soulève des questions sur la gestion des foules et la sécurité dans les stades.
Une ville sous le choc
La ville de Nzérékoré, située à 900 km de Conakry, est en deuil. La police a érigé des barricades pour limiter l’accès à l’hôpital régional, bondé de blessés et de familles cherchant des proches, tandis que les autorités ont fermé les écoles, le marché et les commerces. Paul Sakouvogi, journaliste local, décrit une région coupée d’Internet et lourdement surveillée, avec plusieurs pick-ups de police postés aux entrées de l’hôpital.
Des circonstances tragiques
L’incident a eu lieu lors de la finale du championnat organisé par l’Alliance des jeunes de la forêt, un groupe soutenant Mamadi Doumbouya, au stade de Nzérékoré. Tout s’est déroulé normalement jusqu’à ce qu’un penalty controversé soit sifflé contre l’équipe locale. Une rixe entre joueurs a dégénéré en jets de pierres et provoqué une bousculade mortelle.
Le stade, doté uniquement d’un portail principal et d’une petite porte, s’est transformé en piège pour des centaines de spectateurs tentant de fuir. Les secours ont sauvé de justesse Madame Maikan Fofana, une figure locale, après qu’elle ait été piétinée. D’autres, comme Aline Olivier Loua, une élève, n’ont pas survécu.
Bilan et réactions officielles
Le gouvernement guinéen a confirmé un bilan provisoire de 56 morts et de nombreux blessés, sans en préciser le nombre exact. Il a annoncé l’ouverture d’une enquête pour établir les responsabilités et promet un soutien psychologique et médical aux victimes. Le Premier ministre Amadou Oury Ba a exhorté la population au calme et a promis un accompagnement pour les familles endeuillées.
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des scènes de chaos et des corps alignés près du stade, témoignant de l’ampleur de la catastrophe. Des jeunes ont également incendié un commissariat de police dans la nuit suivant le drame.
Contexte politique et social
On considérait le tournoi de football comme une tentative de promotion politique de Mamadi Doumbouya, chef de la junte qui a renversé le président Alpha Condé en 2021. Le pouvoir en place organise régulièrement des compétitions similaires, renforçant les accusations d’instrumentalisation politique du sport.
Le Front national de défense de la Constitution (FNDC), voix majeure de l’opposition, a dénoncé une « campagne de propagande » et tenu le gouvernement responsable du drame. L’organisation appelle à des manifestations pacifiques pour réclamer la fin du régime militaire d’ici la fin de l’année.
Violences récurrentes dans les stades
Ce drame met en lumière un problème récurrent dans les stades guinéens : les violences entre supporters. En juin 2024, le président de la Ligue guinéenne de football professionnel, Lucien Bendou Guilao, avait souligné que l’infrastructure inadaptée des stades contribue à ces incidents.
Ce drame de Nzérékoré illustre les défis de sécurité et de gouvernance en Guinée. Les familles endeuillées attendent justice, tandis que le pays entier s’interroge sur les mesures à prendre pour éviter que de telles tragédies ne se reproduisent.
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