Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a affirmé le 28 novembre 2024, lors d’entretiens avec l’AFP et France 2, que les bases militaires françaises au Sénégal devront fermer. Une décision qu’il justifie par l’incompatibilité entre la souveraineté nationale et la présence de forces militaires étrangères.
« Le Sénégal est un pays souverain, et la souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases militaires », a affirmé le président depuis le palais présidentiel à Dakar. Élu en mars 2024 sur des promesses de souveraineté renforcée, M. Faye a insisté sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une « rupture », mais plutôt d’un réajustement dans les relations bilatérales.
Vers un partenariat sans présence militaire
Le président a clarifié sa vision d’un « partenariat rénové » avec la France, sans pour autant renier l’importance de ce lien historique. « La France reste un partenaire important au regard des investissements et des échanges économiques. Cependant, 64 ans après l’indépendance, il est temps d’envisager un partenariat dépouillé de cette présence militaire », a-t-il ajouté.
M. Faye a souligné que la coopération avec d’autres grandes puissances, comme la Chine, la Turquie, les États-Unis ou l’Arabie saoudite, se déroule sans bases militaires. « La Chine, notre premier partenaire commercial, n’a pas de présence militaire au Sénégal. Est-ce que pour autant il y a une rupture ? Non », a-t-il précisé.
Une reconfiguration régionale des forces françaises
Cette annonce s’inscrit dans un contexte plus large de reconfiguration de la présence militaire française en Afrique. Ces derniers mois, la France a réduit significativement ses troupes dans plusieurs pays, notamment au Gabon, en Côte d’Ivoire et au Tchad. À l’été 2024, l’intention de maintenir une centaine de soldats au Sénégal avait été évoquée, mais cette décision pourrait être remise en question après la déclaration du président sénégalais.
Le rapport remis récemment par Jean-Marie Bockel, envoyé personnel d’Emmanuel Macron en Afrique, plaide pour un partenariat « renouvelé » et « coconstruit ». Les propos du président Faye pourraient donc accélérer cette transition vers une collaboration militaire révisée.
Une mise à jour des doctrines militaires
Bassirou Diomaye Faye a également annoncé une révision prochaine de la doctrine de coopération militaire du Sénégal. Cette actualisation vise à renforcer la souveraineté du pays et à ajuster les relations militaires avec tous les partenaires internationaux.
« Nous voulons une coopération militaire basée sur des échanges d’expertise, sans bases permanentes sur notre sol. C’est un changement nécessaire pour répondre aux aspirations du peuple sénégalais », a-t-il affirmé.
En saluant la récente reconnaissance par Emmanuel Macron du massacre de Thiaroye en 1944, le président sénégalais a conclu que ce type de geste contribue à poser les bases d’un partenariat équitable et respectueux entre la France et le Sénégal, libéré des héritages de domination.