Le massacre de Thiaroye, survenu le 1er décembre 1944, reste l’un des épisodes les plus sombres de l’histoire coloniale française. Ce jour-là, les forces coloniales françaises ont ouvert le feu sur Plusieurs tirailleurs africains réunis dans un camp près de Dakar. Ces anciens soldats, qui avaient combattu pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale, exigeaient le paiement de leurs arriérés de solde et des primes de combat promises.
Les autorités françaises de l’époque ont reconnu officiellement 35 morts, mais des historiens estiment que le bilan réel pourrait atteindre plusieurs centaines de victimes. Ce massacre, longtemps minimisé ou ignoré, symbolise les injustices subies par les tirailleurs africains, qui furent essentiels à la Libération de la France.
Une reconnaissance historique par Emmanuel Macron
Dans une lettre adressée au président sénégalais Bassirou Diomaye Faye le 28 novembre 2024, Emmanuel Macron reconnaît pour la première fois « sans ambiguïté » le massacre de Thiaroye. Il y affirme que la France doit reconnaître que « la confrontation entre militaires et tirailleurs réclamant leur solde légitime a déclenché un enchaînement de faits ayant abouti à un massacre ».
Cette déclaration s’inscrit dans une démarche mémorielle. En juillet 2024, la France a reconnu comme « morts pour la France » six tirailleurs tués à Thiaroye, un geste inédit. Le président sénégalais a salué cette reconnaissance comme « un grand pas », tout en appelant à une « collaboration franche et entière » pour faire toute la lumière sur cet événement. Il n’exclut pas qu’une demande officielle d’excuses puisse suivre cette étape.
Une mémoire encore douloureuse
Le massacre de Thiaroye illustre la façon dont les anciens soldats africains furent traités avec mépris après avoir risqué leur vie pour défendre la France. Ces hommes, souvent prisonniers de guerre après les combats de 1940, étaient revenus au Sénégal en novembre 1944. Malgré leurs sacrifices, ils ont été confrontés à la violence de l’administration coloniale pour avoir simplement réclamé leurs droits.
Cette tragédie a longtemps été occultée, comme l’a rappelé le président sénégalais : « On a cherché à mettre une chape de plomb ». François Hollande avait déjà reconnu en 2014 une « répression sanglante », mais sans employer le mot « massacre ». La déclaration d’Emmanuel Macron marque donc une avancée importante, bien que l’absence du président français aux commémorations des 80 ans à Thiaroye suscite des critiques. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, représentera la France lors de cet événement.
Pourquoi ce massacre reste un symbole
Thiaroye n’est pas seulement un épisode tragique, c’est un symbole des injustices structurelles infligées aux tirailleurs africains. Ces soldats, issus de nombreuses colonies françaises, ont joué un rôle clé dans la Seconde Guerre mondiale, notamment dans la Libération de la France. Pourtant, on a souvent ignoré, voire dénigré, leur contribution après la guerre.
Reconnaître ce massacre, c’est reconnaître une dette historique envers ces combattants et leurs descendants. Comme l’a écrit Emmanuel Macron, il s’agit aussi de « saluer la mémoire de tous les tirailleurs, vaillants combattants ayant pris une part prépondérante aux côtés des troupes de la France libre ».
Une réconciliation encore inachevée
La reconnaissance du massacre de Thiaroye est un pas dans la bonne direction, mais les attentes restent fortes, tant au Sénégal qu’en France. Bassirou Diomaye Faye a exprimé l’espoir que cette reconnaissance conduise à des actions concrètes, notamment pour restaurer l’honneur des victimes et inscrire cet événement dans l’histoire collective.
Ce travail de mémoire pourrait contribuer à renforcer les relations entre la France et l’Afrique, en abordant de manière honnête les blessures du passé.
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